John Mc CAIN

JOHN McCAIN For President !

NOUS SOUTENONS LA CANDIDATURE DE L'HOMME QUI SUT DIRE NON AU VIET !

A 71 ans, l’impétueux héros du Vietnam, éternel rebelle républicain, a toutes les chances de porter les couleurs de son parti dans la course à la Maison-Blanche. Un défi pour ses adversaires. Et une revanche sur le camp Bush.


John McCain vient de larguer ses bombes sur Hanoi, le 26 octobre 1967, lorsqu’un missile vietcong arrache l’aile droite de son avion. La suite va nourrir l’inconscient politique de l’après-Vietnam américain. Et un destin hors du commun.

 

Ce jour-là, le jet chute en spirale à 400 kilomètres à l’heure. Mais son pilote réussit à s’éjecter du cockpit, en se brisant au passage les deux bras et un genou. Il reprend conscience en tombant dans un lac, au beau milieu de la capitale ennemie. Lesté par son équipement, incapable de mouvoir ses membres cassés, il coule à pic, et n’en réchappe qu’en tirant avec ses dents, dans un dernier effort surhumain, la sangle de son gilet de sauvetage. On le repêche, pour mieux le lyncher sur la rive, lorsqu’un camion de l’armée vient l’embarquer vers la prison toute proche – le tristement célèbre "Hanoi Hilton". S’ensuivent cinq ans et demi de tortures, d’humiliation et de résistance. La genèse de la légende McCain.

Patriotique oui, mais rebelle
A 71 ans, le sénateur de l’Arizona rappelle toujours le jeune pilote immortalisé par la caméra de François Chalais, au hasard d’un reportage pour Cinq Colonnes à la Une, sur son lit de l’infirmerie. Mais John Sidney McCain ne s’est jamais beaucoup étendu sur son cauchemar initiatique. Inutile. Les spectres de Hanoi l’accompagnent dans son périple triomphal des primaires républicaines: son genou raide complique, dix fois par jour, ses descentes d’un bus de campagne surnommé le "Straight Talk Express" (l’"express du franc-parler"). Outre sa profonde cicatrice sur la joue gauche, vestige d’un cancer opéré in extremis il y a huit ans, ses bras à jamais empesés, déglingués par son crash et par les tortures, ajoutent à une image de corsaire de la politique, ennobli pour cause d’indéniable patriotisme, mais trop imprévisible, gueulard, iconoclaste et atypique pour jamais satisfaire l’orthodoxie républicaine.

Opposé, sans grande ferveur, à l’avortement, classique défenseur de la libre entreprise, McCain, malgré son inimitié notoire envers George W. Bush et l’ex-secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, a misé tout son prestige militaire dans le soutien aux guerres de l’après-11 septembre. Mais ce rebelle, résolument hostile à la torture par la CIA et au maintien de la prison de Guantanamo, est aussi l’un des deux seuls sénateurs de son parti à avoir refusé de voter les baisses d’impôts "irresponsables" du président et a milité, avec le démocrate Ted Kennedy, pour une réforme de l’immigration qui ouvrirait la voie de la naturalisation à des millions de sans-papiers. D’où ses quelques avanies électorales, aggravées par l’anathème des conservateurs.

Déjà, lors des primaires de 2000, la machine républicaine s’était entièrement vouée à la destruction de ce gêneur qui, non content d’avoir proposé dans les années 1990, avec les démocrates, une profonde réforme des financements politiques, venait de distancer le candidat George W. Bush de 18 points dans le New Hampshire. Resurgi au printemps 2007, McCain a vu les sondages lui promettre l’investiture républicaine. Quelques mois plus tard, pourtant, il touchait à nouveau le fond, payant ainsi son soutien à la relance de l’offensive américaine contre l’insurrection en Irak, au moment où l’opinion criait sa peur et son dégoût de cette guerre. Et aujourd’hui?

Un somptueux "Super Tuesday"
Moins de trois semaines après sa remontée spectaculaire en Caroline du Sud, lieu de sa défaite en 2000, l’éternel outsider s’offre une somptueuse revanche lors du fameux "Super Tuesday" du 5 février. Il remporte, ce jour-là, neuf Etats, parmi les plus importants, sur 21 en jeu, soit près des deux tiers du nombre de délégués nécessaires à l’investiture républicaine.

Déjà assuré de sa nomination, McCain sait qu’il doit sa bonne fortune à la relative amélioration de la situation en Irak, son talon d’Achille. Autant qu’au malaise du parti au terme de l’ère Bush: sept ans de déceptions ont exacerbé la quête d’authenticité des électeurs. Son concurrent Mitt Romney en a rudement pâti. L’ex-gouverneur du Massachusetts, un mormon milliardaire longtemps réputé modéré et pragmatique, s’est réinventé en parangon de vertus conservatrices pour les besoins des primaires. Sans convaincre. Gêné sur sa droite par l’émergence dans le vieux Sud d’un candidat chrétien, l’ancien pasteur baptiste et gouverneur de l’Arkansas Mike Huckabee, Romney a abandonné la course, le 7 février, laissant à McCain le soin d’incarner le nouveau visage du Parti républicain. Mais quelles valeurs représente au juste le favori?

Ce militaire dans l’âme, impressionné, dans sa jeunesse, lors d’une brève escapade touristique à Paris, par le spectacle du général de Gaulle descendant les Champs-Elysées, défend moins les dogmes qu’une certaine idée de l’Amérique et de sa grandeur menacée. L’affection du grand public, des indépendants et des modérés des deux bords pour ce pince-sans-rire courtisé par les animateurs de talk-shows, n’a d’égale que la rage meurtrière des durs et des idéologues de sa propre famille politique. "Il menace l’identité républicaine, proteste le consultant Dick Dresner, jusqu’alors employé par la campagne de l’infortuné acteur et ex-sénateur Fred Thompson. Sa victoire ne serait qu’une imposture, un désastre pour les valeurs du parti."

La bête noire des conservateurs du Sud
Pour donner la mesure de la colère qu’il engendre, on rappellera les soudaines rumeurs qui ont surgi en 2000, entre sa victoire dans le New Hampshire contre Bush et le scrutin de Caroline du Sud, prétendant qu’il avait transmis la syphilis à sa seconde épouse, Cindy, et que la dernière de ses sept enfants, issus de deux mariages, une petite Bangladaise adoptée, était en fait le produit de sa liaison avec une femme noire. L’ancien prisonnier, qui a pactisé en 1993 avec le démocrate John Kerry, lui aussi un vétéran, afin d’obtenir la réouverture des relations diplomatiques avec le Vietnam, était aussi accusé d’avoir perdu la raison en captivité ou d’avoir ourdi un complot à long terme avec Hanoi. Bête noire des conservateurs du Sud, McCain avait traité les Savonarole de la droite chrétienne, Pat Robertson et Jerry Falwell, d’"agents de l’intolérance et de la corruption religieuse et politique". Sa campagne s’était effondrée. Pas ses résolutions.

Car il est né rebelle. Ou presque. Ballotté depuis sa naissance de Panama à la Nouvelle-Angleterre, au gré des missions d’un père sous-marinier et bientôt amiral de la Navy, l’enfant ne calme ses colères frénétiques qu’une fois plongé, tout habillé, par ses parents dans des baignoires d’eau froide. L’école chic de Virginie où il entre, adolescent, grâce à la renommée paternelle, garde surtout la mémoire de ses bagarres quotidiennes. A l’Académie de marine, ce n’est pas plus brillant. Seul son pedigree familial, au vu de ses notes et de l’invraisemblable catalogue de ses actes d’indiscipline, lui permet de terminer sa scolarité. Dans sa base de Floride et lors de ses missions au sein de l’aéronavale, ce pilote casse-cou nourrit aussi sa légende par ses virées nocturnes et ses conquêtes exotiques, amenant un jour une strip-teaseuse ("Marie, flamme de Floride") à un cocktail en grande tenue de l’amirauté. McCain confiera un jour que ses provocations ne visaient qu’à épicer un destin écrit d’avance par son illustre lignée.

C’est le Vietnam qui le révèle à lui-même. En 1967, il échappe par miracle au terrible incendie de son porte-avions en mer de Chine, et en reste marqué à jamais. Quelques mois plus tard, alors qu’il est prisonnier à Hanoi, ses geôliers, découvrant qu’il est le rejeton du commandant de la flotte du Pacifique, entrevoient une superbe opération de propagande et lui proposent de le libérer avant ses camarades. Il refuse, au nom du code d’honneur militaire. Sa décision lui vaut un enfer. Roué de coups pendant des jours, suspendu par ses bras fracturés, le pilote signe des confessions grotesques de piraterie aérienne, avant de tenter de se pendre dans sa cellule. Sa libération n’aura lieu que six ans plus tard, en 1973, après les accords de Paris.

http://www.johnmccain.com/bvid/

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